La société EO2 veut implanter l’une des plus grandes usines à pellets de France à Salins-les-Bains, dans le Jura. Un projet qui pourrait achever des forêts déjà à bout de souffle, mises à mal par le dérèglement climatique et la surexploitation humaine.
Depuis 2015, la mortalité des arbres a doublé dans les forêts de Bourgogne-Franche-Comté. Le renouvellement naturel ne suffit plus à compenser les pertes. Et pourtant, la société EO2 veut doubler la production de granulés de bois en intensifiant l’exploitation forestière. Quand les arbres sont abattus plus vite qu’ils ne repoussent, ce n’est plus du renouvelable : c’est du pillage !
Malgré des alertes sur l’approvisionnement en bois par ses propres équipes et une mobilisation citoyenne très majoritairement contre le projet, l’ancien préfet du Jura a donné son feu vert et le maire de Salins-les-Bains s'entête. Ils doivent reculer !
Si nous sommes rassemblés aujourd'hui, c'est pour parler de celles et ceux qui ne peuvent pas s'exprimer ici ou ailleurs. Ce sont nos forêts.
Nos forêts, ce sont des millions d'arbres qui filtrent l'air que nous respirons. Nos forêts, ce sont des nappes phréatiques qu'elles alimentent. Nos forêts, ce sont des écosystèmes qui abritent la vie.
Elles sont notre patrimoine commun. Elles sont une partie de nous-mêmes. Et pourtant, elles sont aujourd'hui menacées.
Menacées par le dérèglement climatique, qui les fragilise face aux sécheresses, aux incendies, aux parasites. Menacées aussi par une exploitation industrielle qui les réduit à des gisements de bois, à des chiffres dans des bilans comptables.
Chacun ici a déjà vu ces paysages ravagés par les coupes rases. Ces sols nus, stériles, laissés derrière les machines. Chacun ici a déjà entendu ces forestiers désespérés de devoir exécuter des ordres contraires à leur mission première : protéger le vivant.
Et chacun ici sait que l'Office national des forêts, pilier de notre gestion publique, est aujourd'hui étranglé par les suppressions de postes, la sous-traitance, la logique de rentabilité.
Alors je le dis avec force : nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n'était. Nous devons prendre soin de nos forêts.
C'est le sens de la proposition de loi que j'ai déposé à l'assemblée nationale : une loi pour des forêts vivantes.
D'abord, il s'agit de reconnaître la forêt comme bien commun. Elle n'appartient pas à quelques-uns, elle appartient à toutes et tous. Comme l'air ou l'eau, elle doit être protégée au nom de l'intérêt général.
Ensuite, il s'agit de mettre fin aux coupes rases. Parce qu'elles détruisent la biodiversité, abîment les sols, accélèrent le réchauffement et la désertification. Il existe d'autres pratiques forestières, respectueuses, durables, qui laissent les forêts se régénérer naturellement.
Il s'agit aussi de renforcer la gestion publique et l'ONF. Cela veut dire embaucher des fonctionnaires forestiers, leur donner les moyens d'exercer leur métier avec dignité et responsabilité. Ce n'est pas à des sous-traitants précarisés de porter l'avenir de nos forêts.
Et enfin, il s'agit de favoriser la diversité des essences et des âges. Car une forêt n'est pas une monoculture de résineux. Une forêt vivante, c'est un équilibre. C'est la diversité qui la rend plus résiliente face au climat.
Enfin, nous proposons d'associer les citoyennes et les citoyens à la gestion locale des forêts, grâce à des comités participatifs. La forêt est une affaire publique : elle doit être gérée de manière transparente et démocratique.
Voilà le cœur de nos propositions et de nos combats : protéger au lieu d'exploiter, gérer en commun au lieu de privatiser, préserver le vivant au lieu de le marchandiser.
Derrière ce rassemblement, derrière toutes les luttes qui s'organisent partout sur le territoire, il y a une vision politique. Celle qui refuse de réduire la nature à une marchandise. Celle qui refuse de transformer la forêt en stock de bois pour la spéculation. Celle qui affirme que la forêt, comme la santé ou l'éducation, relève du bien commun.
Nous avons un choix à faire :
Soit nous continuons à fermer les yeux, et nos enfants hériteront de sols stériles, de paysages détruits, d'un monde appauvri.
Soit nous agissons dès aujourd'hui, et nous leur lèguerons des forêts vivantes, des forêts diversifiées, des forêts qui continueront à nous protéger comme elles le font depuis des millénaires.
La forêt n'est pas un décor. Elle n'est pas une ressource inépuisable. Elle est un être vivant collectif, dont dépend toute la chaîne du vivant, dont dépend l'humanité elle-même.
Alors, au nom de celles et ceux qui défendent le vivant, au nom des générations futures, au nom de l'intérêt général, luttons.
Toutes les dernières informations sur la lutte
L'association Pays de Salins Environnement a organisé une journée de mobilisation intitulée "Stop aux méga-usines à pellets, mobilisation pour des forêts vivantes". Cette journée a été l'occasion de montrer notre opposition collective à ces projets destructeurs dont celui de Salins-les-Bains. Différentes associations et collectifs étaient présents pour sensibiliser sur les changements d'usage nécessaire pour retrouver des forêts vivantes.
Pour rappel, le projet de méga-usine à Salins-les-Bains est fortement remis en cause car les élus de la communauté de communes ont voté contre la vente du terrain. L'arrêté ICPE permettant l'exploitation est néanmoins maintenue.
Le samedi 5 juillet, pour le pique-nique estival de l'association, nous célébrons l'absence de la méga-usine à pellets en nous réunissant sur les terres prévus pour le projet. Nous invitons également des associations et experts de la forêt à nous partager leur avis sur la protection de la forêt jurassienne, et de toutes les forêts.
Tous les détails
Plus de 10 000 personnes de toute la France ont déjà signé la pétition contre le projet mené par EO2. Alors que d'autres industries du même type ravagent déjà la forêt, il est temps de dire STOP ! Oui à une gestion raisonnée qui valorise la forêt, non à une méga-usine polluante et prédatrice.
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Revue de presse autour du projet de méga-usine à pellets
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